Le traitement du surnaturel dans les séries


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Le surnaturel est quelque chose qui intrigue depuis longtemps l’espèce humaine. Les légendes de loup-garou, vampires, démons et autres fées ou leprechauns sont légions et ont toujours rencontrées un grand succès auprès du public. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’industrie cinématographique, les séries y compris, s’en saisissent à travers des films comme Shining et autres Dracula.

Le surnaturel est un élément qui fera venir le public vers une série. Il ne restera peut-être pas, mais il s’agit d’un appât certain pour téléspectateur (des ados principalement, ne nous voilons pas la face). Le mystère fascine et plus ce mystère est entretenu, plus on accrochera à une série. Mais ce n’est pas parce qu’on dit surnaturel qu’on peut pour autant faire ce qu’on veut, il y a certaines règles à respecter.

Pourquoi cet attrait certain ?

Présenter une série avec des vampires, loup-garous, démons et autres créatures mystico-mythologique est un pari pas trop risqué. C’est la promesse de nous montrer quelque chose de nouveau, ou presque. Même si le genre a été fait, refait et surfait, la curiosité nous pousse toujours à aller regarder sous quel angle ces créatures vont être abordées. True Blood et The Vampires Diares par exemple mettent les créatures au centre de l’intrigue et en font des personnages principaux, Supernatural a fini par le faire aussi avec les personnages de Castiel et Crowley. Cette perspective relativement neuve prise sur le traitement des créatures surnaturelles est la raison du succès du genre dans les dix dernières années.

Le surnaturel a évolué, il a mûri. On ne se contente plus de nous montrer des créatures, on va nous montrer comment ces créatures vivent. Certaines séries vont nous montrer comment elles s’intègrent dans la société, comment elles font pour rester secrète, comment elles vivent entre elles, etc. C’est cette illusion de maturité (oui parce que la plupart du temps, ça reste une illusion) qui va nous faire accrocher ou pas.

Bien sûr, il restera les personnes qui resteront hermétique au genre, pour qui le surnaturel n’est qu’une tentative vaine de faire peur aux gens en leur soutirant un peu d’argent. Bien sûr, ils n’ont pas tort. Mais après tout, le but premier de toute série est de faire de l’argent. Le surnaturel n’est pas fait pour tout le monde, mais la maturité du genre acquise récemment peut faire en sorte d’emmener un public nouveau vers ces séries.

La mention « Surnaturel » est-elle un permis pour faire ce qu’on veut ?

Bien sûr que non. Ce n’est pas parce que les limites d’un monde sont mal, voire pas du tout, définies que les scénaristes peuvent en faire ce qu’ils veulent. Il existe des règles à respecter. Quand on introduit quelque chose dans cet univers, prenons le piège à démons dans Supernatural par exemple, il ne faut surtout pas dévier du concept originel. Faute de quoi on perd les spectateurs seront complètement perdus et quitterons cette série qu’ils ne comprennent plus. Bien sûr, le concept peut être étendu et on peut y trouver d’autres applications, comme les menottes pour démon ou les balles de revolver incrustés de symboles, mais l’originel doit rester. Sans ce genre de repères, ce serait la porte ouverte à toutes les fenêtres et la série deviendrait complètement insuivable (néologisme, bonjour!) puisque les règles changeraient en permanence. Cette règle est valable aussi pour la science-fiction et c’est la raison pour laquelle la dernière régénération du docteur avait tant fait polémique à l’époque.

La série doit garder un socle stable d’éléments fixes dans son univers. Les règles qu’on va poser dans les premiers épisodes ou qu’on va découvrir petit à petit ne doivent pas évoluer, ou alors d’un tout petit iota. Les anglophones parlent de « Ground Rules », les règles de base dont on ne doit pas déroger. Dans la première saison d’American Horror Story, on voit justement Jessica Lange tout faire pour que sa fille rentre dans ces règles, pour qu’elle puisse survivre. Malheureusement pour elle, aucune dérogation n’est faite et c’est tant mieux. Le surnaturel est quelque chose d’assez vaguement défini et c’est ça qui en fait l’attrait, mais si le spectateur ne comprend jamais rien à rien, il va lâcher. Il faut donner au public un socle de compréhension, avant d’essayer de le perdre complètement, pour son plus grand bonheur.

Les limites du genre

Le surnaturel marche. La CW en a fait sa marque de fabrique avec des séries comme Vampires Diares ou Supernatural et autres Messengers. Le fait que ces séries marchent, à l’exception de la dernière, n’est pas dû à la seule présence du surnaturel mais car elles ont aussi leurs identités propres. La première a une grosse composante romantique et la deuxième double une ambiance rock n’ roll avec un thriller couplé à la création d’une mythologie judéo-chrétienne. Le surnaturel ne suffit pas à faire une série sur le long terme, il faut intégrer un autre élément. Cet autre élément doit créer ce petit plus qui va faire sortir une série du lot. C’est cette absence d’identité qui a fait chuter Messengers ou Constantine, deux séries qui se contentaient d’être mystérieuses et de mener les personnages dans des aventures, sans qu’on sache vers où on va.

On ne peut pas se contenter de dire « Regarder, des vampires/momies/loup-garous ! Maintenant, restez pour regarder nos pubs ! ». Il faut que le spectateur, qui a maintenant un immense choix de programme, soit accroché et ait envie de revenir la semaine d’après. Que cela passe par du romantisme, du thriller ou même des intrigues policières avec l’excellente iZombie, le simple fait de nous présenter des créatures des ténèbres ne suffira plus.

Vers une disparition du genre ?

Récemment, nous avons vu toutes les séries traitant de surnaturel échouer, à l’exception de The Strain. Celles qui sont encore diffusées en sont à au moins cinq saisons, avec un record de onze pour Supernatural. Le genre n’attire plus, peut-être parce qu’il a été trop fait. Mais soyons optimistes dans l’idée qu’un jour une série prendra un risque qu’on ne verre pas venir et servira de référence pour le genre.

 

Une réflexion sur “Le traitement du surnaturel dans les séries

  1. La disparition de la série In the flesh, pourtant originale dans son concept, est malheureusement un symptôme de ta conclusion.
    La série avait pourtant été vivement soutenue par les fans, mais noyée dans le flot de productions sur le même thème !

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